Syndicat Mixte de la Baie

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Les algues vertes en questions

Dans le cadre d'une rencontre avec le Syndicat Mixte du Pays de Saint Brieuc, les élèves du Lyçée Surcouf de Saint-Malo ont fait part de leurs interrogations face au phénomène des algues vertes.

De quelles algues parle-t-on?
Quelles sont les conséquences si une personne respire les algues vertes?
Y-a-t-il des moyens pour détruire les algues vertes?
Combien y-t-il d'algues vertes dans la baie de Saint Brieuc?
Combien de tonnes d'algues vertes y avait-il en 2011/2012?
Comment faire pour qu'il n'y ait plus d'algues vertes sur les plages?
 
 

De quelles algues parle-t-on?

Les grandes algues (ou macro-algues) marines sont largement présentes sur les côtes rocheuses de l’Atlantique et de la Manche et se situent en première ligne face aux pollutions d’origines continentales.

Les blooms d’algues vertes sont les plus caractéristiques, et plus particulièrement ceux constitués d’espèces du genre  Ulva . Ce genre présente, en fonction des espèces, deux morphologies typiques : une forme en lame et une forme tubulaire plus ou moins ramifiée, aplatie ou filamenteuse. De manière commune on utilise le terme « ulve » pour désigner les ulves en lames et le terme « entéromorphe » pour désigner  les ulves rubanées ou filamenteuses.

 

Ces différentes algues vertes du genre Ulva ne présentent pas les mêmes risques lorsqu’elles se décomposent, suivant que leur forme est en lame ou tubulaire ou filamenteuse. CE sont surtout les Ulves formant de larges feuillets plats qui sont susceptible de s’accumuler en tas dont la décomposition pose problème (Cf. ci-contre).


Schéma des ulves algues vertes
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
 

Suivant les caractéristiques des échouages, la densité de la couverture et sa composition (espèces d’algues présentes), il est décidé ou non de procéder au ramassage.

Télécharger ici la note de Saint Brieuc Agglomération concernant les critères de ramassage des algues logo pdf

 

Quelles sont les conséquences si une personne respire les algues vertes?

Si l’on parle d’une algue verte « fraîche », comme on peut en trouver dans l’eau, flottant, ou récemment déposée sur l’estran (partie de la plage découverte à marée basse), ramasser et sentir une algue verte n’a aucune conséquence. Ces algues (des espèces du genre Ulve) sont des végétaux chlorophylliens (d’où leur couleur verte) vivant dans l’eau de mer proche du rivage. Dans les conditions normales, on peut les « respirer », ou du moins approcher son nez sans danger comme d’une salade ou de n’importe quelle algue mouillée que l’on trouve sur nos côtes.

 

Le problème vient de l’abondance anormale (prolifération) de ces algues, qui s’entassent alors, repoussées par la marée, en monticules ou andains en bord de plage ou prise au piège dans les anses rocheuses. Au sein de ces tas a lieu un processus de « pourrissement », ou de fermentation en l’absence d’oxygène, qui produit des gaz potentiellement dangereux. Quand ces algues s’amassent ainsi et ne sont pas évacuées, respirer à proximité est tout d’abord fortement désagréable du fait de l’odeur « d’œuf pourri » qui s’en dégage. Cette odeur est due à un gaz en particulier, l’hydrogène sulfuré (H2S), qui est celui utilisé pour fabriquer les boules puantes. Si l’on insiste et que l’on reste à proximité de ces endroits où des algues pourrissent en tas, voir si l’on met le nez dedans, des malaises peuvent survenir et représenter des risques suivant la concentration du gaz et les quantités inhalées (respirées). Les conséquences peuvent aller de l’irritation des yeux, à l’œdème pulmonaire en passant par la perte momentanée ou durable de l’odorat et amener jusqu’au décès en cas de quantités vraiment importante et d’exposition prolongée.

 

C’est pourquoi le ramassage systématique de ces tas et, s’il s’avère impossible, l’interdiction d’accès aux sites où ils se trouvent sont imposés par les autorités.

 

Y-a-t-il des moyens pour détruire les algues vertes?

Oui, on peut les ramasser, les sécher, les composter, les transformer, etc. C’est un matériau végétal comme un autre, qui peut avoir des propriétés intéressantes (voir le site du Centre d’Etudes et de Valorisation des Algues (CEVA),  http://www.ceva.fr/). Mais le problème est celui du coût et des possibilités d’accès (ramasser des algues en certains endroits rocheux peut s’avérer compliqué). Il s’agit moins de les détruire que d’empêcher qu’il y en ait autant, qu’elles grandissent et se multiplient si vite que cela conduit à former ces tas qui peuvent être dangereux.

 

Combien y-t-il d'algues vertes dans la baie de Saint Brieuc?

Les échouages d’algues sont un phénomène saisonner : ils débutent au plus tôt en avril pour s’éteindre en septembre ou octobre (comme tous les végétaux chlorophylliens, les algues ont besoin de la lumière et d’une température de l’eau favorable pour assurer leur croissance).

Seules certaines plages de la baie de St-Brieuc sont régulièrement touchées, notamment en fond de baie. Sur la baie, certaines plages ne voient pratiquement jamais ces algues, d’autres les voient quasiment tous les ans. Cela dépend essentiellement des courants et des marées. En fond de baie, l’eau étant peu renouvelée, les plages sont plus régulièrement touchées.

 

Le CEVA, sous maîtrise d’ouvrage de l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER - http://wwz.ifremer.fr/institut), réalise des suivis par photographie aérienne pour estimer à chaque saison les surfaces couvertes par les dépôts d’algues. En allant ensuite sur le terrain ramasser puis peser les algues qui correspondent à ce qui a été vu sur la photographie, on est en mesure d’estimer la quantité d’algues présentes lors du cliché. De 2002 à 2006, le maximum couvert sur la baie de St-Brieuc (entre juin et août, suivant les années) oscillait entre 300 et 440 ha.

 

La baie de St-Brieuc fait partie des  3 plus grandes baies de la Côte Nord de la Bretagne et est la cinquième baie au monde pour l’amplitude de ses marées : la mer peut se retirer jusqu’à 7 km et découvrir 2 600 ha de vasières.

 

On peut donc considérer que le mois le pire observé depuis 2002, les algues vertes recouvraient près de 17 % de la surface découverte de la baie.

 

En juillet 2005, cette année où la couverture était la plus importante, la quantité d’algues présentes était estimée à 17 600 Tonnes.

 

Combien de tonnes d'algues vertes y avait-il en 2011/2012?

Nous ne disposons pas encore des quantités estimées en tonnes pour la saison 2011. En 2011, le CEVA a observé les couvertures les plus faibles depuis le début des suivis, avec un pic en juin à 200 ha environ, avec une diminution dès lors et une quasi disparition en octobre.

 

Comment faire pour qu'il n'y ait plus d'algues vertes sur les plages?

Il faut reproduire ce qui s’est passé en 2011 : il y a eu très peu d’algues et elles ont disparues rapidement… Parce qu’elles manquaient de nourriture. En effet, cette année, il n’a pas plu de tout le printemps, et les cours d’eau ont très peu coulé vers la baie. Ainsi ils n’ont pas apporté les éléments dont les algues ont besoin pour grandir : l’azote en particulier.

 

En effet, les algues, comme tous les végétaux, ont besoin d’oxygène, de gaz carbonique, de lumière, de minéraux, d’azote (N) et de phosphore (P) pour pouvoir  se développer. Tout est une question d’équilibre : l’oxygène est là, les minéraux aussi, le phosphore est présent dans les sédiments de la baie. L’azote apporté à la baie a, lui, ces quarante dernières années, très fortement augmenté. Et ces espèces d’algues sont les « meilleures » pour l’utiliser, s’en nourrir et en profiter pour « occuper la place » - on parle d’espèces opportunistes. De fait, elles « prolifèrent », c'est-à-dire qu’elles se développent au détriment des autres espèces, jusqu’à poser les problèmes décrits plus haut.

 

Il faut donc s’efforcer de limiter les fuites d’azote du territoire (le bassin-versant), vers la baie. Entre 2004 et 2008 ont été très fortement réduites les quantités rejetées par les stations d’épuration (principalement sous forme d’ammoniaque, NH3). Il faut désormais s’attaquer aux flux de nitrates (NO3-), principalement issus des terres agricoles, afin de lutter contre ces proliférations. Les quantités de nitrates apportées ont-elles aussi diminué depuis les années 2000, mais pas encore suffisamment. Si l’année 2011 a été une année où les apports ont été très faibles, cela est dû essentiellement à la pluviométrie exceptionnellement faible de ce printemps-là. Il faut s’attacher à réduire ces apports à la baie sans compter sur les épisodes de sécheresse !

 

C’est l’objectif du projet de territoire adopté par la baie de St-Brieuc à l’automne 2011.

 

Celui-ci consiste :

-          A réduire les fuites d’azote depuis les parcelles

Si l’azote est un élément essentiel, nécessaire à la pousse des cultures (contenu dans les fumures - engrais, composts, fumiers,  lisisers - apportés aux cultures), il est, une fois transformé dans le sol sous forme de nitrates, rendu très soluble. Pour éviter les fuites, il s’agit d’en apporter moins, mieux et au meilleur moment pour que les plantes l’utilisent et qu’il n’y ait pas de surplus qui fuie vers la nappe puis les cours d’eau.

Il faut aussi mieux couvrir les sols en hiver, lorsqu’il pleut et que l’azote qui n’aura pas été utilisé par les cultures risque d’être emmené (lessivage, percolation) vers la nappe puis le cours d’eau, puis la baie.

-          A augmenter l’interception des fuites avant qu’elles ne parviennent à la baie : il s’agit « d’allonger le chemin de l’eau » depuis le moment où l’eau commence à sortir du sol (zones humides de sources) jusqu’à son arrivée en baie. L’enjeu est que l’eau ait le temps de profiter des processus de tamponnement ou d’auto-épuration qui peuvent avoir lieu au long de ce chemin. C’est pourquoi les terres qui accompagnent les cours d’eau (zones humides, zones inondables), doivent être préservées sinon restaurées.

Dans un bassin-versant qui « fonctionne » bien, on peut considérer qu'à peine plus du double des inévitables fuites d’azote issues des terres n’arrivent à l’exutoire. Mais si les sources sont drainées, les cours d’eau busés ou remplacés par des fossés rectilignes, les berges bitumées, etc., ces processus naturels de tamponneemnt n’ont plus lieu : il n’y a plus de place pour eux dans le paysage.

 

C’est pourquoi, entre autres, la question des algues vertes questionne l’ensemble du devenir d’un territoire (le bassin-versant qui alimente la baie) et non pas seulement telle ou telle activité. Les marées vertes sont la conséquence d’un « dérèglement » de l’écosystème. Tenter de le résoudre suppose de nous interroger chacun pour notre part sur notre façon d’y vivre, de l’aménager, de le cultiver, de nous y nourrir, de l’habiter.